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Edouard VIII, Duc de Windsor
Pièce de théâtre - 1988

Edouard VIII, Duc de Windsor traite d'une des plus fameuses histoires d'amour du 20ème siècle. Edouard VIII, roi d'Angleterre, abdique pour une américaine deux fois divorcée, Wallis Warfield-Simpson. L'action se déroule de 1936 à 1986 avec en filigrane la deuxième guerre mondiale.

> Personnages
> Extrait 1
> Extrait 2

Acte I
Scène 2

Les personnages : David, prince de Galles, ex-roi d'Angleterre
Albert, dit Bertie, frère de David
Henry, dit Harry, frère de David
George, frère de David
Mary, soeur de David
Mary de Teck, mère de David
Elisabeth, épouse de Bertie
Alice, épouse de Harry
Elisabeth, dite Lilibet, et Margaret- Rose, filles de Elisabeth et de Bertie
Marion Crawford, dite Crawfie, gouvernante de Lilibet et Margaret-Rose
Un serviteur
Walter Monckton, conseiller du roi

Royal Lodge, le 11 décembre au soir.
La scène se passe à Royal Lodge, demeure de Elisabeth et de Bertie. C'est le dîner d'adieu de David à sa famille. Pour la dernière fois David trône à table entouré de sa famille. Le rideau s'ouvre sur la grande salle à manger. Tout le monde est à table. Elisabeth est en retard, une seule chaise est vide. Les plats sont déjà servis.

David : "Dem Herrn sei Dank
Für Speis und Trank."

Tous en choeur : AMEN

Chacun commence sans attendre, la situation est très tendue. Elisabeth arrive en retard. Elle semble malade, salue David, s'assied et fait le signe de croix. Elle est toujours souriante. Le serviteur sert Elisabeth.

Mary de Teck : Croyez-vous que ce soit bien prudent de vous lever, chère Elisabeth ? La fièvre paraît encore sur votre visage et vos yeux sont tellement cernés.

Elisabeth (le nez bouché) : N'ayez crainte, mère, je ne suis descendue qu'un instant. Il est si rare que nous soyons réunis. ( Elle éternue .)

Silence. Atmosphère lourde. Tout le monde essaye d'avoir l'air détendu.

Mary de Teck : Alice est aussi fatiguée et se retirera après le dîner.

Harry : Marina et Henri sont-ils souffrants ?

George : Mon épouse ne s'est pas encore habituée à ce satané climat, particulièrement dans son état.

Mary : Henri n'a pu délaisser ses invités. Il chasse la perdrix et le faisan.

Entre Miss Crawford, qui accompagne Lilibet et Margaret-Rose.

Miss Crawford : Allez dire bonsoir à votre oncle David.

Lilibet (à Margaret-Rose) : Votre oncle David a abdiqué et votre père est roi.

Margaret-Rose : Est-ce que cela veut dire que ce sera toi la prochaine reine ?

Lilibet : Oui, un jour...

Margaret-Rose : T'as pas de chance, Lilibet .

Les enfants se dirigent vers David qui les embrasse sur le front.

Margaret-Rose : Mon oncle, vont-ils vous couper la tête ?

Elisabeth : Dites bonne nuit et montez avec miss Crawford, les enfants, j'irai vous embrasser, votre père aussi, n'est-ce pas, Bertie ?

Margaret-Rose : Adieu, mon oncle.

Les enfants, en choeur : Bonne nuit.

Lilibet (autoritaire) : Venez, Crawfie.

L'atmosphère se détend, les enfants ayant parlé de l'abdication.

David : Mère, je vous félicite du succès record de collectes de vêtements faites pour votre oeuvre, la "Société londonienne de tricot."

Mary de Teck : Avez-vous pris des dispositions pour repeindre la façade du palais de Buckingham ?

David : Ce sera fait avant le couronnement.

Mary de Teck : Il est grand temps.

David (à sa soeur Mary) : Votre mari a-t-il acheté des Yearlings à la foire de Newmarket ?

Mary (étranglée par l'émotion) : Oui, David...

Silence
David : Je crois que les delphiniums de Fort Belvedere me manqueront...

George (en riant) : Les delphiniums que sir Philip Sasoon a fait planter par son jardinier pour vous en faire la surprise et dont vous avez ordonné le changement immédiat à un mètre de leur place primitive.

David : En réalité, ils avaient effectivement repéré l'emplacement idéal, mais je ne pouvais pas me laisser faire ainsi ! J'ai ouï dire, Bertie, que vous vous lancez dans la culture des rhododendrons ?

Elisabeth (toujours souriante) : Votre frère prétend qu'ils lui portent bonheur, n'est-ce pas Bertie ?

Bertie (timide et bègue) : Rho... rhodo en grec si...signifie rose et den...dendron, arbre, c...c'est un arbrisseau des montagnes, cu...cultivé pour ses grandes fleurs or...ornementales. Il fait p...partie de la f...famille des ér...éricacées, les ér...éricacées étant des plantes dic...dicotylédones gam...gamopé-tales qu...qui forment une f...famille contenant les bruyères, la m...myrtille, les rho...rhododendrons et les az...azalées. Les plantes dic...dicotylédones s...sont des plantes dont la graine con...contient une plantule à deux co...cotylédons. Elles ont g...généralement des feuilles ho...ho...horizontales, aux nervures ra...ramifiées et aux deux f...faces différentes, des fleurs du type quatre et cinq. Si elles sont v...vivaces, elles ont des f...formations s...secondaires, ce qui oppose cette c...classe à celle des mo...mono...monocotylédones, mais elles n'ont pas de b...bulbe c...comme celles-ci...Les ga...gamopétales sont des d...dicotylédones à fleurs à p...pétales soudés et sont un ancien groupe com....comprenant plusieurs f...familles importantes : les com...composées, les p...primulacées, les so...solonacées, les la...labiacées, et...etc...

David : Ne vous étranglez pas, Bertie !.....................A propos, George, je vous donne Cora et Jaggs. Prenez-en soin et ne les faites pas trop manger. Soyez prudent, Cora se conduit toujours de façon agressive avec les nouveaux venus et leur mord les chevilles. Notre Premier ministre en a fait la triste expérience il y a deux jours. Quant à Jaggs, il a un tempérament plus accueillant.

Mary de Teck : Je crois qu'Elisabeth et Alice vont aller se reposer.

Elisabeth et Alice se lèvent.

Alice : Veuillez m'excuser, je suis extrêmement fatiguée.

Alice salue David et vole hors de la pièce.

Elisabeth (à Bertie) : N'oubliez pas d'embrasser Lilibet et Margaret-Rose, elles sont assez perturbées ces jours derniers, n'est-ce pas, Bertie ?

Elisabeth salue et sort. Le serviteur annonce Walter Monckton.

Le serviteur (à David) : Votre Majesté, monsieur Walter Monckton vous attend pour vous emmener à Portsmouth.

David : Faites le patienter un instant. Mère, il serait plus prudent pour vous de rentrer à Londres avant minuit. (En regardant Mary) : Occupez-vous d'elle, chère petite soeur.

Mary de Teck et Mary se lèvent et vont dire au revoir à David, qui se lève, tout le monde se lève. David embrasse sa soeur et sa mère.

David : Au revoir, Mary, saluez Lord Lascelles de ma part, et souhaitez-lui bonne chance pour le prochain Derby.

Mary de Teck : Au revoir mon fils.

David (à sa mère) : Tout m'a été refusé, je dois m'exiler et quand la reverrai-je ?

Mary de Teck : Le plus triste, c'est que vous ne pourrez la revoir avant longtemps.

La mère de David et sa soeur sortent.

David (en sortant des cigarettes de son sporran et s'allumant une cigarette) : Faites entrer monsieur Walter Monckton.